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Cadeau empoisonné... et empoisonnant

CBC nous propose ce matin un autre exemple d'imbécilité à classer dans la rubrique "tête de linotte".

A New Brunswick rotary club is drawing criticism over a plan to raise money for a new eco-centre by raffling off one of the largest gas-guzzling vehicles on the market.

The Rotary Club of Chatham says its "Hum-Dinger" of a prize – a Hummer H2 SUT – is just what it needs to raise $100,000 for the proposed French Fort Cove Eco-Centre.

Vous avez bien lu: les Rotary de Chatham collectent des fonds pour construire un éco-centre en offrant un des pires exemples de véhicules automobiles sur le marché. Et comble d'ironie, l'organisateur de la loterie, Leon Bremner, ne voit pas de contradiction entre la qualité de l'environnement et la mise en marché de tels véhicules hyper-polluants:

"It's not any more a gas-guzzler than anything that's out on the highway now," Bremner said. "I've had plenty of people that say they'll get better gas mileage with this Hummer than they will their vehicle."

Ou bien M. Bremmer a une bien mauvaise voiture, ou bien il n'a pas consulté la littérature du fabricant. Pour un petit aller-retour Montréal-Québec, ce petit véhicule "éco-friendly" nécessite un plein d'essence qui coûtera la modique somme de 121 $ d'essence (à 1 $ le litre). C'est donc dire que le Hummer a une capacité de 23 litres au 100 km (ou 11 milles au gallon, comme on disait dans le bon vieux temps).

En tout cas, c'est une bonne raison de ne pas vouloir gagner ce cadeau empoisonné.

Jean Lapierre est un idiot

Fidèle à sa réputation, le lieutenant québécois de Paul Martin et député d'Outremont à la Chambre des Communes, Jean Lapierre, s'est ouvert la trappe en fin de semaine. Dans une entrevue à CTV, le grand communicateur a déclaré:

« S'il ne fait pas le saut, cela démontrera qu'il n'a pas l'étoffe qu'il faut pour diriger quoi que ce soit un jour. Il sera perpétuellement dans l'opposition et nous pourrons dire de lui que c'est un lâche »

Les libéraux fédéraux doivent vraiment être désespérés pour sortir de telles insultes à l'endroit d'un chef politique qui frustre leurs efforts de reconquête du Québec.

Quoi qu'il en soit, on pourrait retourner le compliment au dit Lapierre qui, plutôt que de se représenter dans la circonscription de Shefford, qu'il a représenté à la Chambre des Communes de 1979 à 1992, a choisi de revenir en politique dans une circonscription « sûre », celle d'Outremont, où le PLC a maintenu un quasi-monopole depuis des décennies.

Perdre le (pôle) nord

N'ajustez pas votre boussole, car il n'y a pas que la Supreme Court of Canada qui perde le nord ces jours-ci:

Cette dépêche, en provenance de Yellowknife nous apprend que le Canada s'apprête à predre le nord... magnétique! Selon le Larry Newitt, du laboratoire de géomagnétisme du CNRC, le pôle magnétique

"est probablement à l'extérieur du Canada, techiquement. Mais nous sommes encore le pays qui est le plus près".

Mais le Canada n'est pas le seul pays à perdre le nord. On sait que depuis le 11 septembre 2001 et le début de la guerre en Irak, les Américains sont passés maîtres dans cet art.

Alors, voici qu'on apprend que deux officiers -- un capitaine et son lieutenant, tous deux réservistes -- de la 42e division d'infanterie US, ont perdu la vie dans des circonstances suspecte à Tikrit, dans un incident qu'on a d'abord décrit comme un tir de mortier.

Le Toronto Star lance même l'hypothèse d'un incident de "fragging"; c'est à dire un assassinat organisé par des fantassins insatisfaits d'un officier autoritaire ou incompétent. La pratique a connu ses heures de "gloire" au Vietnam.

Si l'hypothèse d'un "fragging" est finalement retenue, cet incident est significatif parce qu'il s'agit ici d'un signe clair d'un affaisement total du moral et de la discipline des soldats US.

D'abord, les efforts déployés par les Américains ne réussissent pas à pacifier le pays, maintenant au bord de la guerre civile, ensuite les pertes se multiplient et le cap du 2000 sera fracassé d'ici quelques mois, les chiffres du rectutement en mai sont tellement catastrophiques que contrairement à l'habitude, le ministère de la Défense prévoyait les dévoiler en cachette un vendredi soir.

Dommage que 52% des Américans qui ont voté en novembre dernier aient perdu le nord. Maintenant, ils auront besoin d'autre chose qu'une boussole pour sortir de leur merdier.

Darwinisme social

Révolté. C'est ma première réaction à la décision pour le moins douteuse de la Supreme Court of Canada qui a renversé les jugements de deux cours québécoises et qui menace l'universalité du système d'assurance-maladie en vigueur depuis 1970 au Québec.

Le Dr. Chaoulli et ses bailleurs de fonds anonymes (du monde des assurances peut-être?) veulent se lancer dans la médecine à but lucratif au nom de nobles objectifs: la vie. Yeah right!

On en reparlera quand les trois médecins de votre petite ville n'accepteront plus la carte soleil et que les patients seront obligés de souscrire une assurance privée pour obtenir des soins de santé vitaux.

Selon ces juges, tous ne doivent pas être égaux devant la loi. La nomenklatura de ceux qui ont du fric auront le droit légitime de sauter la ligne parce qu'ils ont du fric (comme dans le bon vieux temps). Et on ose prétendre que c'est une bonne affaire et que ça fera fondre les files d'attente. Voyons donc! On va avoir le même nombre de médecins et le temps qu'ils vont consacrer à leur médecine à but TRES lucratif, ils ne le paseront pas à réduire la file d'attente à but non lucratif.

En fait, ils auront tout intérêt à ralentir la file d'attente du public afin de la faire allonger, dans le but évident d'attirer un nombre toujours grandissant de patients, qui de guerre lasse, abandonneront le système public pour le système payant.

Le Dr Augustin Roy, qui agissait à titre de consultant pour la privatisation des soins, se rappelait avec nostalgie du bon vieux temps, où les patients devaient payer pour se faire soigner. Où est «le droit à la vie et à la sécurité» dans une situation comme celle d'il y a 35 ans, lorsque les gens devaient mourir à la maison par manque de moyens financiers?

Brel a bien résumé ma pensée dans sa chanson "Les bourgeois". J'en cite le refrain que je dédie aux quatre imbéciles qui ont accueilli ce pourvoi:

Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient c...

Duceppe à Québec... peu plausible

Le nom de Gilles Duceppe est souvnet évoqué dans la liste des successeurs putatifs (pour emprunter l'expression si chère à Yves Michaud) à Bernard Landry. Toutefois, les personnes qui lancent le nom de Duceppe rêvent en couleur.

Il faut savoir que si Duceppe quitte Ottawa en direction de Québec, il:

• entraînerait un vacuum total dans la direction du mouvement souverainiste à un moment important;
• provoquerait la tenue de deux courses à la direction occupant simultanément le temps et l'énergie des militants souverainistes cet automne;
• placerait le Bloc dans une position très difficile, à moins de 8 mois de la prochaine élection fédérale, qui se déroulera l'hiver prochain.

N'oublions pas que la majorité des militants du Bloc militent aussi au PQ et vice-versa.

Après toute la colère légitime qui a été suscitée par les révélations de la Commission Gomery, la campagne fédérale consistera notamment à enlever aux Libéraux le plus grand nombre de sièges au Québec. Dans de telles circonstances, un échec serait interprété avec raison comme un désaveu à l'endroit des souverainistes. Il faut gagner l'élection de février et il faut gagner pas à peu près. Personne n'est irremplaçable, mais Duceppe dispose de tous les atouts pour remplir son rôle; ce qui n'est pas évident pour un éventuel successeur qui n'aurait pratiquement pas de temps pour se préparer.

Pour ces raisons, le moment de la démission de Bernard Landry ne pouvait être plus mal choisi pour Duceppe. Compte tenu des circonstances, le chef du Bloc devra (peut-être avec regret) annoncer dans les prochains jours qu'il ne sera pas candidat.

Qui sera candidat? Il y a d'abord les incontournables (Legault, Marois) et possiblement un candidat vedette, venu de l'extérieur. Si j'étais un parieur, je mettrais un p'tit deux sur une candidature de Gérald Larose, qui depuis sa retraite de la CSN, milite activement et ouvertement sur la question linguistique.

Je crois d'ailleurs qu'il y aurait certains avantages à voir quelqu'un comme Larose à la tête du PQ. C'est d'abord un batailleur, qui n'a jamais eu peur de faire de la peine à l'establishment, et pendant son séjour à la tête de sa centrale syndicale il a été capable de fonctionner avec un appareil qui est encore plus difficile à contrôler que le PQ.

Je ne suis pas certain que Larose pourrait gagner, mais il pourrait rendre la lutte très intéressante.

Doit-on charcuter (de) Villepin?

Je ne sais pas si le prochain référendum français abordera cette question, mais il me semble qu'il existe une certaine confusion au sujet de l'identité du hussard que le président de la République française a appelé à sa rescousse mardi dernier.

La bébécé a bien tenté de répondre à l'énigme (http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/europe/4600907.stm), mais compte tenu de l'euroscepticisme British, doit-on accepter la castration patronymique anglo-saxonne, ou plutôt célébrer la diversité culturelle et militer en faveur du maintien du "de" dans le nom de Dominique Marie François René Galouzeau de Villepin?

SUIVI (6/6/2005): Martine Rousseau, co-auteur du savoureux blogue Langue sauce piquante nous éclaire sur les subtilités patronymiques dans un courriel.

alors voilà l'affaire : Dominique de Villepin, M. de Villepin, Villepin. Quand on fait court, eh bien plus de particule, en somme.

Vous me direz : mais de Gaulle ? En raccourci, on disait bien "de Gaulle"... Oui, exact, mais le "de" de "de Gaulle" n"est pas une particule de noblesse mais la forme sans doute flamande d'un article. Et on aurait donc dû écrire Charles De Gaulle, mais l'habitude a été tout autre...

Affaire classée!